Visite des vitraux Cocteau à St-Maximin et des stalles de la cathédrale de Metz
Un après-midi très studieux nous a été proposé par notre guide de l’Oeuvre de la cathédrale, Mr. Philippe Jahan. Tout d’abord à Saint-Maximin où il nous a présenté sa propre interprétation des vitraux Cocteau dont la commande intervint à la fin de sa vie en 1961 (il est décédé deux ans plus tard) sur intervention d’A. Malraux.
Cette œuvre la plus aboutie (les vitraux couvrent 14 baies et 12 fenêtres, certains ne furent achevés que vers 1968-70), aux dires du guide, s’inscrirait dans un principe directeur qui aurait animé l’âme du concepteur, à défaut de disposer d’écrits de l’auteur lui-même ; d’emblée, il rejeta les interprétations chrétiennes des scènes représentées pour ne retenir que « seul le beau est vrai », « tout est symbolique », les associations de personnages et/ou d’animaux, d’objets, de plantes ont pour fonction d’opposer deux mondes, qu’il s’appellent bien et mal, sombre et lumière, vie mortelle et immortalité …. S’ensuivit un listing des motifs et leur symbolisme : le poisson signe de fécondité, de sagesse ; le masque, tremplin pour devenir une autre personne, l’œil, miroir de l’âme, l’araignée, animal ambigu à lui seul, bien et mal tout à la fois, le cheval, permettant de passer rapidement de l’enfer à l’immortalité, le serpent dont la mue immortalise la renaissance de l’homme, le soleil, symbole du bonheur, la lune symbole de l’obscurité, le totem, divinité à part entière, etc. Ce faisant, il repère à travers ces symboles, l’influence de cultures aussi variées que les cultures antiques (égyptienne, grecque et romaine), amérindienne, africaine sans oublier le cubisme et le surréalisme. Cocteau serait, selon Ph. Jahan, lui-même influenceur de formes d’art contemporain (Pop Art, Street Art) ou d’artistes comme Andy Warhol. Dans la description des scènes, il insista beaucoup sur le jeu des couleurs où le bleu, « apaisant » domine largement, le jaune (l’étoile jaune très fréquente serait la signature du maître et non l’étoile de David). Les commentaires de chacune des grandes baies du chœur et des chapelles latérales nous permirent de mieux comprendre les compositions, n’oubliant pas, au passage, de nous pointer les autoreprésentations du maître de et de J. Marais.
A la cathédrale, seconde étape de l’après-midi, notre guide nous fit découvrir les stalles, rarement proposées aux visites. Celles que nous voyons aujourd’hui ne sont pas les originelles mais celles qui furent élaborées par le sculpteur Théophile Klem de Colmar sur initiative des autorités allemandes au début du XXe siècle, rejetées dans un premier temps par les messins (le prix élevé 90 000 marks ne fut pas la seule raison) puis acceptées après guerre. Réparties en deux ensembles de 14 stalles s’inspirant du style des stalles d’Amiens du XVe s., elles conjuguent les grands personnages de l’Ancien (Prophètes) et du nouveau Testament (les Apôtres, St Paul, St Etienne ….), avec la figure singulière du pape Pie X, pontife au moment de l’élaboration du projet, avant 1914 ainsi que Grégoire (chant grégorien) et Charlemagne ; mais aussi de multiples scènes bibliques (sacrifice d’Abraham, la mise en esclavage des Hébreux ou encore, la naissance et la mort du Christ….). La stalle de l’évêque, la 1ère à gauche du chœur, fut détaillée dans ses moindres scènes, centrées sur le Christ et la Vierge. S’il est une impression d’ensemble à retenir de ces représentations, c’est bien la minutie des sculptures (taillées dans le bois de chêne des Carpates) un travail tout en finesse et en expressivité des personnages ou des animaux, en tenant compte des espaces allouées aux sculptures : miséricordes ou patiences servant de siège discret lorsqu’on est debout, parcloses surmontées d’accoudoirs séparant les sièges, jouées (plaques ornementées) aux extrémités des stalles, baldaquins surmontant les sièges. Nous fûmes conviés en fin de visite à compter le nombre de personnages et d’animaux composant cet ensemble de sièges : 360 ! Presque autant que de jours dans l’année.
Gérard Colotte