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Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
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Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
Renaissance du Vieux Metz et desPays Lorrains

Jeudi 30 mars 2023

Impressions de la visite à Rettel

 

A l’extrême fin du siècle dernier, deux musées se sont ouverts quasiment simultanément à Rettel, jolie petite commune située sur les bords de la Moselle, à une encablure de Sierck-les-Bains, grâce à la volonté d’hommes bien décidés à faire renaître un passé, aujourd’hui révolu. Le premier que nous visitâmes a trait aux métiers de cheminot du temps de la machine à vapeur, non sans quelques débordements sur le début de l’électrification. Mr Laurent Courtade, agent de circulation à la SNCF (Apach) mais surtout président de l’association Musée Lorrain du Cheminot et trois de ses collègues ont pris plaisir à nous faire remonter le temps, à travers une exposition riche en matériels et en histoires, dans des salles bien trop exigües ; des locaux plus vastes, aideraient grandement à mettre plus en valeur tout ce patrimoine ferroviaire !

 

Notre groupe, partagé en quatre sous groupes, put dans d’excellentes conditions d’écoute, bénéficier des connaissances de nos guides ; d’une pièce à l’autre, nous découvrîmes, un guichet de gare des années 1880, un cabinet médical d’époque, un poste de traction avec ses premières boîtes noires (indicateur et enregistreur de vitesse) dus à l’ingénieur Eugène Flaman (l’invention remonte à 1887 et fut utilisé jusqu’au début du XXIe s.), les lignes et postes télégraphiques (système « Hambourg » pour unifier le code morse), dont le fonctionnement était exigé du gouvernement (loi du 10 juillet 1845) avant toute ouverture d’une ligne ferroviaire, la signalisation avec la particularité des chemins de fer impériaux, pendant la période de l’Annexion (1870-1918), les systèmes d’avertissement des gardes-barrières avec ses « crocodiles » ou système de déclenchement- plus récent- des barrières sur les passages à niveau, la lampisterie, etc. . Il a été beaucoup question de la période de l’Annexion qui a marqué notre région : changement de signalétique, cloche Siemens pour alerter les garde-barrières (invention en 1870), sens de circulation, introduction de la 4e classe (unique en France), à partir de 1907 jusqu’au début des années 30 : dans certaines voitures de 3e classe (banquette en bois), un espace était laissé libre au centre afin de permettre aux ruraux de venir en ville vendre leur production locale, à un tarif inférieur à celui de la 3e classe. La liste est bien longue et mieux vaut (à nouveau) s’y rendre pour en découvrir toute la richesse. Nous eûmes même droit à un cours de physique sur le courant continu et alternatif, avec ses avantages et contraintes pour le ferroviaire !

Mais un musée n’a de sens que s’il permet de comprendre ce que fut autrefois la vie de tous les personnels du ferroviaire, un monde où grande étaient les solidarités, variés les métiers où l’on pouvait faire carrière (chauffeurs, chaudronniers, menuisiers, techniciens ….), en commençant par l’apprentissage dès l’âge de14 ans (3 ans) sans oublier la place des femmes. De tout cela il en fut question, occasionnant une prolongation de notre temps de visite, pour le plaisir de tous !

 

 

Mr Alfred Maret, président de l’association Maison de la Dîme, nous attendait patiemment à la sortie du musée pour nous conduire, à quelques pas de là, dans la Maison de la Dîme, jolie bâtisse, comme il aime à le dire, remontant au XVe s., dans un style gothique tardif, et restaurée à la fin du siècle dernier. Maison de la Dîme ou Maison des bateliers ? Le sujet fait débat à Rettel encore aujourd’hui. Pour lui, la demeure a changé de fonction au cours du temps ; d’abord elle fut occupée par des bateliers, qui opéraient sur la Moselle entre Metz et Trèves, durant le XVIe s : la liste des noms dont il dispose en fait foi ; de plus, sur le linteau de la porte d’entrée figure une sculpture représentant leur activité. Au XVIIe s. l’édifice a dû être utilisé par les moines de la Chartreuse, autrefois toute proche, pour y stocker les produits de la Dîme (impôt pour le Clergé). A partir du XVIIIe s. la demeure devient un bien privé (on possède l’identité des occupants), partagé entre plusieurs familles (les Halle, Schwenck, Duval ….). La maison comportait ainsi des parties communes comme le couloir, qui a pu garder ses aspects anciens (restaurés) avec ses estrichs plafonniers (plâtre coulé entre deux poutres taillées en forme de trapèze tourné vers le bas) et marqués de décors évoquant la batellerie (faisant penser à un décor en stuc), ouverture de porte en bois en forme d’accolade, empruntée à l’architecture gothique tardif. Des peintures d’origine ont été relevées bien que très estompées ; des recompositions sur des panneaux amovibles permettent de se représenter les scènes peintes autrefois. La pièce de vie, grande salle qui servait tout à la fois de salle à manger, de réunion, de chambre à coucher, possède un des trois exemplaires de la cheminée, datant peut être de l’origine, eu égard au motif sculpté représentant le métier de la batellerie : Mr Maret prit plaisir à nous conter dans quelles circonstances, aux alentours de 1900, cette cheminée fut démontée pour être acheminée à Rodemack, tout en faisant l’objet de la fabrication de deux copies, l’une restée sur place et l’autre destinée au château du Haut-Koenigsbourg, le tout par l’intermédiaire de la SHAL.

Notre guide termina la visite par le grand projet en cours de réalisation, à savoir l’ouverture d’une médiathèque contigüe à la Maison de la Dîme, installée dans une ancienne demeure ayant elle aussi appartenu aux bateliers et qui permettra de mieux faire connaître le passé. Nous eûmes le plaisir de déguster un café, préparé par son épouse ; ce geste fut très apprécié de tous.

 

Gérard Colotte