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Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
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Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
Renaissance du Vieux Metz et desPays Lorrains

Dimanche 14 mai 2023

Relation de la visite du nord meusien 

(Marville - Montmédy - Avioth) 

 

Avec Marville, Montmédy et Avioth, la journée fut bien remplie dans le nord meusien, par un temps des plus agréables, déjouant de bien pessimistes prévisions météorologiques.

Par un jeu de mots dont il est coutumier du fait, Kévin Goeriot, notre guide pour la journée, entama le cycle des visites au cimetière Saint Hilaire de Marville en évoquant- à propos de la situation géographique des lieux - « l’angle mort » de la contrée, située, autrefois à la rencontre des duchés de Bar et de Luxembourg. Le cimetière, à l’écart du bourg, est mondialement connu pour son ossuaire, à cause de ses fameux « os rangés », fruit d’un long passé – les inhumations cessèrent cependant en 1661 et reprirent quelque peu à l’époque contemporaine- et du travail de réorganisation par le gardien Chritian Motsch à la fin du XIXe s. : des milliers de crânes et restes de fémurs ou tibias bien alignés et empilés, 40 000 selon Ch. Motsch, 4000 plutôt selon K. Goeriot ! En tous cas, la vue est impressionnante. Ce cimetière recèle des stèles aux formes parfois singulières. Surtout, plusieurs d’entre elles se démarquent par leur architecture toute empreinte de l’époque Renaissance ; citons en trois : le monument « le Christ aux liens » représentant le Christ après sa flagellation en attente du jugement de Ponce Pilate, un autre dont les sculptures rappellent la Trinité ainsi que l’Annonciation et Ste Marguerite, patronne des accoucheuses, enfin la Pieta devant laquelle ont été placés 4 stèles représentant les Apôtres.

 

Au centre du bourg, K. Goeriot nous présenta à travers l’histoire et l’architecture, l’église Saint-Nicolas ainsi que de très belles demeures de style Renaissance. L’église offre au regard du visiteur bien des singularités, dont nous ne mentionnerons que les principales : une largeur de nef étonnante, un voûtement en liernes et tiercerons de la chapelle de la Vierge, l’autel à baldaquin ainsi que la remarquable tribune d’orgue, dont la balustrade toute ajourée apporte une élégance particulière à l’ensemble ; certains d’entre nous eurent le temps d’admirer deux vitraux attribués à J Gruber, verrier de l’époque Art nouveau. Les trois belles maisons Renaissance que notre guide commenta (Maison du chevalier Michel, maison des drapiers et maison sise au 3 rue du Triport) fut le prétexte d’une évocation de la prospérité de la cité aux XVe et XVIe s.; Marville tira, en effet, un bénéfice politique, économique et donc financier, de sa situation de carrefour et de partage de souveraineté entre les duchés de Bar et de Luxembourg (« terres communes » selon l’expression consacrée). La bourgeoisie marchande en profita largement et investit – pour reprendre une expression actuelle- dans l’immobilier. Le temps est passé ; les dégradations inévitables ont mis à mal bien des constructions ; certaines sont conservées grâce à des opérations de restauration, financées par des collectivités ; mais toutes n’en bénéficient pas, en raison des coûts très élevés que nécessiteraient ces travaux.

 

 

Après le déjeuner pris à l’auberge, près de l’église, nous nous rendîmes à Montmédy, situé autrefois, au cœur du comté de Chiny et qui en fut sa capitale à partir de 1230. Cette terre féodale du Saint Empire, était à cheval sur trois pays actuels, et couvrait la vallée de la Chiers, une fraction de la Woëvre, une partie de la Gaume (ou Lorraine belge) ainsi que le sud de l’actuelle province du Luxembourg belge. Le comté connut son apogée au XIIIe s.. Il disparaît au XIVe s. de l’échiquier politique : d’abord tombée dans le giron du duché du Luxembourg en 1364, cette terre est cédée au duc de Bourgogne (1441-1444). Maximilien de Habsbourg en « hérite » de par son mariage avec Marie de Bourgogne, fille unique de Charles le Téméraire. Cette mainmise habsbourgeoise sur la région se traduit par d’importants travaux de fortification ; Montmédy acquiert dès lors son visage de forteresse que les nouveaux maîtres français renforceront. K. Goeriot nous a ainsi relaté le fameux siège de 1657 entrepris par Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, en présence du jeune Louis XIV (9 ans). La citadelle ne jouera pas de rôle particulier par la suite, hormis durant le conflit franco-prussien où, bombardée durant 7 jours par les Prussiens, elle se rendit rapidement le 14 décembre 1870. Déclassée par suite des innovations de l’artillerie, la citadelle a pu être conservée et permet- de nos jours- aux visiteurs de comprendre le dispositif défensif adopté aux temps modernes (bastions à oreille, demi-lunes, fossés d’escarpe et de contre-escarpe ….). Un petit tour à travers les ruelles, sous la seule pluie de la journée, fut prétexte à raconter cette histoire militaire ; à défaut d’avoir visité l’un des deux musées de la cité (manque de temps), nous entrâmes dans l’église Saint-Nicolas ; l’absence de travaux de restauration d’importance depuis sa fondation au XIIe s. amena les autorités ecclésiastiques (archevêque de Trèves) et locales à envisager une reconstruction totale du vieil édifice ; le nouvel édifice fut bâti en 3 ans (1753 -1756) ; la rapidité des travaux s’explique par la modestie des dimensions, imposées par l’étroitesse des lieux dans la citadelle. Un imposant massif muni de deux tours carrées, aux toits de l’impériale formés de courbes et contre-courbes, constitue la façade occidentale. Aucun style ne peut être attribué à l’édifice. Littéralement accolé au rempart, l’édifice a incité les architectes à faire preuve d’ingéniosité pour accroître le volume intérieur sur un espace réduit ; ainsi la dernière travée de la nef-halle est-elle incluse directement dans le chœur pour former un espace plus grand. De grandes baies vitrées percent les murs afin de donner un maximum de clarté à l’ensemble. Par contre l’ornementation intérieure est des plus simples.

 

A quelques kilomètres de là, Avioth, avec ses deux sites remarquables, la basilique et la Recevresse, aux destins liés. La découverte « miraculeuse » d’une statue de la Vierge noire à l’Enfant (XIIe s.) – sur « un buisson d’épines » rapporte la légende- fit sortir ce modeste village de l’anonymat (il obtint sa franchise en 1223, privilège rare pour un village). Le modeste oratoire de bois abritant la statue ne suffit bientôt plus pour accueillir des pèlerins sans cesse plus nombreux ; un premier édifice de style roman fut construit, remplacé au XIVe s. par celui que l’on voit aujourd’hui. C’est une magnifique œuvre réalisée en style gothique flamboyant ; il accueillit naturellement la statue d’origine. Une autre statue prit place dans la Recevresse, construite à la même époque, pour recevoir les dons des pèlerins ; c’est une première explication à sa fonction que nous donna K. Goeriot ; la sculpture représentant probablement le blason de Gilles de Rodemack, prévôt de Montmédy et gouverneur du Luxembourg au début du XVe s. lui fit dire que le lieu a pu servir aussi de tribunal. La basilique renforça la notoriété du lieu par le titre de « sanctuaire de répit » qu’on lui attribua : selon la croyance populaire, un enfant mort-né présenté à la Vierge pouvait, par miracle, revenir un court instant à la vie, le temps de lui conférer le baptême et de lui permettre ainsi d’entrer au paradis, au lieu d’errer dans les limbes, aux marges de l’Enfer. L’intercession de la Vierge était donc nécessaire.

La basilique surprend par ses dimensions qui la font surnommer « la cathédrale des champs ». Notre attention a été attirée par les deux portails présentant une impressionnante profusion de sculptures (épargnées par la Révolution) ; celles du portail sud évoquent la vie de la Vierge. A l’intérieur, tout a été conçu pour donner du volume à la basilique : un large transept non saillant, des bas-côtés peu élevés, un déambulatoire permettant aux pèlerins de cheminer tout autour.

 

Gérard Colotte