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Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
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Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
Renaissance du Vieux Metz et desPays Lorrains

Jeudi 28 septembre 2023

Visite du fort Wagner à Verny

 

 

 

La visite s’est déroulée par une météo particulièrement clémente qui rendit notre pérégrination entre les divers ouvrages du fort des plus agréables. Le groupe, peu nombreux, n’eut pas à regretter cette découverte, avec un guide hors pair, M. Raymond Decker, connaissant particulièrement son sujet, non seulement le fort en lui-même (il est le président de l’ADFM) mais tout ce qui gravitait autour, tant sur le plan géographique qu’historique. Il le fit avec passion, se montrant très pédagogue. Une courte vidéo – en début de visite- nous permit de nous replonger dans l’ambiance de l’époque afin de comprendre la raison de la présence de la fortification en ce lieu (elle protégeait la vallée de la Seille, verrouillait tout le sud du front de Metz et avait l’importante gare ferroviaire de Pont-à-Mousson dans son cône de tir). Le fort faisait partie intégrante de la seconde ceinture fortifiée de Metz, composée de 8 groupes fortifiés, Feste en allemand, situés à 15 km environ de Metz, construits entre 1899 et 1914. Sa construction s’étala, quant à elle, de 1904 à 1910. Mr R. Decker précisa son occupation sur le terrain : un espace de 110 ha au total dont 47 ha pour le fort en lui-même (1.6 km sur 0.6 km environ), situé sur le territoire des communes de Verny et de Pournoy-la-Grasse, devenues propriétaires après rachat des lieux, au titre du droit de préemption, auprès de l’Armée. L’ADFM (130 membres) en assure l’entretien et organise régulièrement les visites à la belle saison. L’appellation officielle (marque déposée) est dorénavant Fort Wagner ; le nom renvoie au général Julius Wagner, responsable de l’A.K.O (« Ordre du Cabinet » délivré par l’empereur sans contreseing ni contrôle judiciaire) et cumulant les fonctions de chef du Génie, chef du Corps de Génie et du Corps des ingénieurs, mort accidentellement en 1910 ; l’empereur décida alors de donner le nom de ce général au fort appelé, depuis le début de la construction, fort du bois d’Avigy (nom de la forêt locale).

 

A la différence du système (français) Séré de Rivières, la fortification allemande comprend des ouvrages dispersés, reliés entre eux par des galeries souterraines (près de 2 km au total). Impossible donc - mais était-ce nécessaire- de tout voir, bien que notre guide nous consacrât trois heures et demi de son temps – les visites ordinaires ne dépassant que rarement les deux heures ! Qu’il en soit remercié ! Les observations sur le terrain, à découvert, mais aussi d’une caserne et d’une batterie de canons de 105 mm, permirent d’appréhender non seulement l’organisation et le fonctionnement du fort en temps de guerre mais aussi la modernité de ses équipements pour l’époque. 

Au premier chef, revient la présence d’une voie ferrée (il en reste quelques sections) d’écartement normal (1.435 m) reliant le fort au réseau civil (la connexion était située à Peltre) ; ainsi pas de rupture de charge et donc rapidité accrue des communications. Ensuite, recours systématique au téléphone pour toutes les communications aussi bien en interne (il s’agissait de relier les 15 coupoles d’observation et les 51 postes de guet aux artilleurs - le fort disposait même d’un sélecteur de numéros d’abonnés !), mais aussi avec le Q.G du XVIe corps d’armée à Metz et avec les autres groupes fortifiés. Enfin, le recours au béton armé, en remplacement de la pierre de Jaumont qui n’aurait pas résisté aux obus plus performants et plus perforants grâce à la mélinite et au canon strié.

 

Nous vîmes un aperçu de l’armement, bien conservé grâce aux soins de l’ADFM ; le fort comprenait 8 tourelles munies de canons de 53 mm, 105 mm, voire 150 mm : nous pûmes voir de près une tourelle munie d’une pièce de 105 mm (portée 10.8 km – cadence de tir de 9 obus/min), tourelle tournante et sans éclipse. Nous vîmes aussi deux canons de flanquement, chargés d’interdire l’accès aux fossés, en cas de pénétration de l’ennemi à l’intérieur de l’enceinte du fort.

Lors de la visite d’une des quatre casernes du fort, R. Decker insista beaucoup sur la modernité recherchée pour le confort du soldat : chauffage central, toilettes, four à pain, usine électrique, téléphone, et eau courante. A cela s’ajoutent les très belles peintures murales d’une caserne dont on ne sait si elles datent d’avant guerre (une trentaine de soldats y vivaient) ou pendant le conflit (1200 hommes).

 

Revenant sur l’histoire du fort, il rappela qu’il ne servit quasiment pas en 1914-18 ; les 1200 hommes de la garnison dont il regrette de ne pas savoir grand-chose (il déplore la destruction des archives du fort, entreposées à Dresde, détruite par l’aviation alliée en février 1945), n’ont pas eu à défendre le fort ; le seul épisode à noter est la participation de ce dernier à la bataille du Grand Couronné (destruction de Nomeny le 24 août 1914). Par contre, c’est avec un sentiment de fierté qu’il nous montra deux des quatre clichés pris le 18 novembre 1918 immortalisant la remise du fort – par temps de neige et sans combat- à l’autorité militaire française. Les agrandissements, visibles en extérieur, sont d’une rare qualité, la finesse des grains permettant de discerner très nettement les militaires français et allemand. Les originaux sont à Nancy. Avant de se quitter, nous n’avons pu que féliciter notre guide qui, en retour, a souhaité voir d’autres membres de RVMPL fouler le sol du fort Wagner.