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Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
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Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
Renaissance du Vieux Metz et desPays Lorrains

Dimanche 14 Avril 2024

 

Visite de Coblence

 

Un copieux programme attendait les 53 participants par une journée printanière. Le « La » était donné dans le bus, avant notre arrivée. L’auteur de ces lignes put faire une mise au point sur les dernières découvertes archéologiques à Coblence et les nombreuses interrogations qu’elles soulèvent, allant, pour certaines réponses, à l’encontre d’idées reçues (Y a-t-il eu une cour royale à Coblence ? Quelle est l’église la plus ancienne ? Le nom de la ville est-il d’origine romaine ou celte ? etc.).  Pierre Brasme retraça, pour sa part,  l’épisode des incarcérés d’Ehrenbreitstein – dont le souvenir est perpétué par le nom d’une impasse éponyme, dans le quartier du Salon à Metz. Son propos, clair et précis tout à la fois, nous replongea dans le premier conflit mondial qui vit l’arrestation et l’internement en ce lieu de plus d’une centaine de Mosellans, de tous horizons sociaux, suspectés  de constituer « des éléments  hostiles à l’Empire et dangereux pour sa sécurité ». Même s’ils ne furent retenus à Ehrentbreitstein qu’un temps, avant d’être déplacés en d’autres lieux de détention, les incarcérés n’en connurent pas moins de rudes conditions de vie.

 

Sur place, le groupe fut divisé en deux ; à la tête d’un demi-groupe, Martine Colotte fit découvrir – dans le centre-ville (Altstadt) les nombreuses richesses patrimoniales, qui ont survécu après de violents épisodes destructeurs (incendie de 1688 et bombardement de 1944 par exemple) grâce à d’importants travaux de restauration. Le premier château-fort des archevêques de Trèves (Alt Burg) avec sa façade médiévale, côté Moselle, les deux églises emblématiques et quasiment contemporaines, la romane St Florins et la gothique  Liebfrauenkirche. Mais aussi les anciens bâtiments communaux, remontant au XVe siècle, pour l’un d’entre eux, sans oublier les places, autrefois lieux de marché spécialisés ainsi que des demeures particulières qui avaient, tous, une histoire et qui ont conservé l’architecture représentative d’une époque : Maison natale du chancelier Metternich, Maison des Rois Mages, Tour de l’Empereur, maison aux yeux roulants, collège des Jésuites. Il est impossible de tous les énumérer. Ajoutons simplement une double singularité à travers les fontaines et  les sculptures de rue, créées dans la seconde moitié du XXe siècle et mettant à l’honneur des personnes du peuple qui ont marqué les esprits des Coblençois au XIXe ou au début du XXe siècle : la marchande de légumes et le policier Otto, le joueur de tambour (Resche Hennerich), la « Menthe Poivrée », de son nom, Anne Marie Stein, sans oublier « L’Hôpital Andun », un anonyme qui apportait des cadeaux aux enfants malades, à l’hôpital, le jour de leur anniversaire.

 

Dans le même temps, l’auteur de ces lignes prenait en charge l’autre demi-groupe pour se diriger vers les bords du Rhin. Au programme : le monument à la gloire de Guillaume Ier, le palais Phillipsburg, l’ancienne commanderie des chevaliers teutoniques, la basilique St Castor et la fontaine Doazan attenante, l’ancien palais van der Leyen et sa chapelle St Jacob et enfin, la place J. Görres avec sa fontaine de « l’histoire de Coblence ». Un programme éclectique qui nous fit parcourir le temps long entre l’époque carolingienne et le temps présent, les contextes propres à chacune de ces constructions, leurs enjeux et les problématiques soulevées.  Le Deutscher Eck, au nom trompeur car sans rapport avec sa situation à la confluence de la Moselle et du Rhin, permit de revenir sur les péripéties de l’imposante statue équestre de Guillaume Ier ; inaugurée par son petit-fils, Guillaume II, en 1897, elle symbolisait l’unité allemande, dans un cadre impérial, tout en marquant le lien très fort qui unissait les Hohenzollern avec Coblence et le Rhin. Fortement endommagée à la fin de la Seconde guerre mondiale, elle fut démontée et remplacée par un drapeau national (RFA). Après la réunification du pays (1991), se posa la question de devenir du monument dont il ne restait que le piédestal. Une famille d’avocats (Theisen) mit  un  terme aux débats qui agitaient et divisaient les Coblençois en offrant de financer, sur leurs propres deniers, le rétablissement d’une copie de la statue ; l’opération eut lieu le 25 septembre 1993.

Sur la rive opposée, nous pûmes voir les trois corps de l’ancien palais archiépiscopal édifiée par Philippe von Sotern (d’où son nom de Phillipsburg), au début du XVIIe s. ; ceux-ci ont échappé au dynamitage des Français après leur retrait (1801) , le bâtiment principal, résidence des archevêques, princes-Electeur n’eut pas la même chance.

De l’ancienne commanderie des chevaliers teutoniques (qui ont donné leur nom au Deutscher Eck)  installés en 1216 et ayant quitté les lieux après 1600, il ne reste que le Rheinbau, occupé de nos jour par le musée d’art contemporain, Ludwig,  ainsi que les restes de l’église. Les autres bâtiments d’origine ont changé d’affectation lorsqu’ils n’ont pas été détruits par des bombes, et remplacés par des structures contemporaines de verre et d’acier. Avec St Castor (évangélisateur de la région au IVe s.), nous revisitâmes l’histoire romaine et carolingienne : 1er fort de légionnaires qui aurait donné son nom à la ville (Castrum apud Confluentes),  consécration de la 1ère église en 836, négociations, en 842, du traité de Verdun, signé l’année suivante, rencontre des trois petits fils de Charlemagne en 860.  L’édifice actuel – élevée au rang de basilique par le pape Jean Paul II- conserve largement son style roman ; la décoration intérieure est de facture relativement récente, hormis la chaire baroque et surtout la « Vierge à l’Enfant », composition maniérériste du XVIe s. ayant appartenu à Ste Brigitte, reine du Danemark et offerte à St Castor sur recommandation de la sœur de Charles Quint.

La place Görres est dominée par l’imposante fontaine érigée pour célébrer, en dix tableaux, les deux mille ans de Coblence (1992). La place fut le lieu d’échange des demi-groupes, qui repartirent, chacun, en sens inverse, pour s’y retrouver finalement, pour la bonne cause. Il était alors treize heures et certaines jambes devenaient lourdes après trois heures de marche. La pause déjeuner fut très appréciée ; elle joua même des prolongations, en raison probablement, de l’affluence qui régnait dans l’établissement.

L’après-midi fut consacré à la visite de la forteresse d’Ehrenbreitstein, perchée sur un plateau dominant la rive droite du Rhin de 118 m. Nous empruntâmes les télécabines avec un très beau panorama sur la ville. La forteresse prussienne fut bâtie de 1815 à 1834. Elle succédait à une ancienne forteresse, érigée par les archevêques de Trèves depuis le XIe siècle, dont il ne reste quasiment rien. Les Français, qui l’avaient occupée sous la Révolution avaient du l’évacuer, au terme du traité de Lunéville, mais s’empressèrent de la vider de son armement et surtout de détruire les fortifications. Déclassifiée à la fin du XIX es. , elle ne servit plus à l’armée qui y disposait jusqu’alors d’une garnison de 1200 hommes. Aujourd’hui, elle appartient à  l’Office national de la préservation du territoire historique de Rhénanie-Palatinat. Un musée a pris place dans ses murs (Landesmuseum) ainsi qu’une auberge de jeunesse ; c’est aussi un lieu de spectacles musicaux. Nous pûmes nous rendre compte, malgré tout, du schéma structurant l’ensemble fortifié : une forteresse épousant la forme triangulaire du plateau et composée de deux parties : côté plateau, deux larges fossés (ou Graben) étaient défendus par une séries de bastions décrochés les uns par rapports autres et pourvus, au centre, d’un Ravelin ou demi-lune. A l’opposé, côté Rhin et Moselle, le quartier des officiers et une série de bastions linéaires, disposés sur de petites terrasses (naturelles) descendant jusqu’au fort d’Helfenstein. De la cour supérieure, nous disposions d’une magnifique vue sur la ville.  

A notre retour sur « la terre ferme », nous dûmes accélérer le pas – nous avions débordé le temps imparti- afin de rejoindre notre bus qui nous attendait près de l’ancien Kurfürstliches Schloss du denier archevêque de Trèves, Clemens Wenceslas de Saxe, oncle de Louis XVI et cousin de Marie Antoinette. Aujourd’hui le bâtiment est propriété de l’Etat fédéral. Nous ne pouvions malgré  tout, ne pas nous arrêter devant l’ancien gouvernement prussien construit, sur les plan de Kieschke, entre 1902 et 1906, dans un style purement néo-roman.

Au final, la journée fut longue, en raison des distances (235 km) mais aussi très appréciée. Chacun a pris sa part dans la réussite de ce voyage. Qu’il en soit remercié.

 

Gérard Colotte