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Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
38-48 Rue Saint Bernard

57000 METZ

 

Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
Renaissance du Vieux Metz et desPays Lorrains

Château d'Eltz et Cochem  3 mai 2025

La journée annoncée comme orageuse nous préserva de la pluie, hormis quelques gouttes de-ci de-là. Nous pûmes ainsi profiter pleinement du magnifique cadre géographique des deux sites visités. Nous découvrîmes, en premier lieu, le magnifique château d’Eltz, digne d’un comte de fée ; il est le 2e château le plus visité d’Allemagne et pour cause. Nous nous rendîmes compte de l’attrait de ce haut lieu historique par la file interminable de voitures qui attendaient avant de pouvoir se garer !  Majestueusement dressé en haut d’un piton rocheux, à 70 m au-dessus de la rivière Eltz, telle une sentinelle surveillant une importante route commerciale au Moyen Age, il porte les traces des différentes constructions qui s’y sont succédées depuis le XIIe.  Car ce château a une très longue histoire  et bien des particularités. Fondé par Rudolph d’Eltz (XIIe siècle), il est toujours resté, jusqu’à nos jours, dans la même famille. Anecdote : les trois fils de ce chevalier, signèrent entre eux un contrat d’indivisibilité du domaine (ganerbinat)) ; nous en vîmes une copie durant notre visite. Un tel contrat permettait à chaque famille de vivre dans le château tout en respectant des devoirs pour une cohabitation harmonieuse. Ces trois premiers cohéritiers donnèrent naissance aux trois lignées d’Eltz : les Rübenach, les Rodenhof et les Kempenich, actuels propriétaires du château.

 

Ce château fut préservé des nombreuses guerres qui ravagèrent la région, hormis un siège qu’il dut subir de la part de l’archevêque de Trèves et prince-électeur, Baudouin de Luxembourg (frère de l’empereur Henri VII). L’ambitieux prélat cherchait par tous les moyens à accroître son Electorat en soumettant par la contrainte les seigneurs locaux qui refusaient son autorité. Ce fut les cas des Eltz. Les troupes au service du prélat mirent en état de blocus le château, construisant même un château de siège, perché sur le plateau et bombardant l’édifice de boulets en pierre. Privés de ravitaillement, les occupants du château d’Eltz se rendirent (en 1333) et les comtes d’Eltz furent contraints d’entrer au service de l’archevêque.

 

Chaque famille aménageait l’aile qui lui était réservée, en fonction du style des époques (du roman au baroque). L’ensemble était devenu bien inconfortable au fil du temps et les copropriétaires préférèrent résider dans d’autres résidences, bien plus vastes et luxueuses. Lorsque l’on se trouve dans la cour intérieure, on se rend mieux compte des efforts physiques qu’il fallait déployer pour vivre dans ce lieu et gravir les nombreux étages qui se résumaient à une pièce par niveau. La maison Rodenhof possédait par exemple une aile comportant 10 étages !

 

 

S’il n’est plus habité de nos jours (l’administration du château occupe toute la partie de style  renaissance des Kempenich) il est entièrement meublé. Nous pûmes voir quelques pièces emblématiques qui nous permirent de nous replonger dans l’univers des temps anciens. Malheureusement, nous ne fûmes pas autorisés à prendre des photographies des pièces visitées.

 

 La visite s’effectua uniquement dans « la maison Rübenach » : terminée en 1472 par Wihelm von Eltz et son épouse Katarina, elle comporte huit étages. Nous commençâmes par la  salle d'armes  qui, à l’origine, était une salle de réception ; on y conserve depuis le XIXe siècle une collection d'armes anciennes : arquebuses, hallebardes, canon, fusils... dont les plus anciennes datent du siège de 1333.

La salle de séjour des Rübenach est typiquement une salle de séjour d'un châtelain au XVIe siècle avec son plafond à solives, sa grande cheminée et ses tapisseries flamandes. Elle est décorée de panneaux peints, en bois. Une peinture de Lucas Cranach l’Ancien représente la « Madone à la grappe de raisin ».

La chambre à coucher des Rübenach était la chambre principale de la maison pendant des siècles. L'encorbellement contient une petite chapelle. Cette chambre possède une des 20 latrines du château et un lit à baldaquin de style renaissance.

 

Nous pénétrâmes ensuite dans la salle des princes-électeurs : deux membres de la famille Eltz sont devenus princes-électeurs :Jakob III, archevêque de Trèves (1567-1581) et Philippe-Karl, archevêque de Mayence (1732-1743).

En poursuivant notre pérégrination, nous entrâmes dans la salle des Chevaliers, salle des fêtes du château, utilisée lors des réunions familiales. On y expose aujourd'hui des armes et des armures dont une, très imposante, date de l'époque de Maximilien Ier du Saint-Empire (1486-1519).

Elle est aussi appelée la « salle de discussion »: lorsque les invités entraient dans cette pièce, ils apercevaient en face de la porte d’entrée la tête d’un bouffon, signe que l’on pouvait parler et tout se dire. Lorsqu’ils en sortaient, la rose sculptée placée au-dessus de la porte invitait à se taire et à ne rien dévoiler des débats au-dehors. D’où  le nom de la pièce.

 

La chambre des comtesses était probablement la chambre des enfants de la famille (présence d’un banc en pierre près de la fenêtre). Le lit exposé (1525) est un des plus anciens conservés en Allemagne. La salle des bannières fut utilisée pendant des siècles comme salle à manger mais un certain nombre d'indices (son orientation, la disposition de l’encorbellement) font penser qu'il s'agit à l'origine d'une chapelle. Enfin, la visite s’acheva dans la cuisine, construite au XVIe siècle. Elle a été conservée dans son état initial, à peu de chose près.

 

Le château possède une collection de 500 objets précieux (orfèvrerie, argenterie, bijoux, sculptures sur ivoire, armes, etc.) constituant un véritable trésor que chacun eut loisir de contempler à sa guise, dans une « salle du trésor » située dans le soubassement. Si notre visite fut particulièrement appréciée par nos participants, c’est dû aussi à la prestation de notre guide, Christopher, qui mérita bien nos félicitations à la fin de la visite.

Nous nous mîmes en appétit en regagnant le bus à pied après avoir gravi une route en forte pente (600 m). Quelques uns avaient cependant préféré épargner à leurs mollets quelques souffrances en empruntant la navette électrique.

 

 

Nous allâmes déjeuner à Cochem au Weinhaus Gräfen, idéalement placé pour entamer notre découverte de la cité mosellane. Le plein d’énergie ayant été effectué à table, nous montâmes dans des télésièges pour nous propulser en haut du Pinnerkfeuz (200m  de dénivelé), du haut duquel l’auteur de ces lignes put relater, à grands traits, l’histoire de la ville et décrire la topographie des lieux. Une ville successivement comtale  jusqu’en 1151, puis impériale et, de 1294 à 1794, archiépiscopale. La cité (son statut de ville datant de 1333) était protégée (surveillée ?) par trois châteaux forts dont le fameux Reichsburg, toujours présent mais de facture romantique (XIXe siècle). Un château qui mériterait une visite à lui tout seul. La ville prospéra grâce aux archevêques trévirois mais dut subir de grandes catastrophes, notamment les incendies provoqués par les  troupes de Louis XIV. D’où la rareté des constructions antérieures au XVIIe siècle. Si la navigation fluviale constitua pendant longtemps le moyen privilégié pour se déplacer, la route et le rail ont profondément marqué les paysages et permit la connexion de la ville aux grands axes de communications modernes ; ainsi le chemin de fer arriva en 1877, de manière spectaculaire ; nous pûmes voir du Pinnerkzeuz, le débouché du tunnel ferroviaire qui fut pendant plus d’un siècle (1877-1987) le plus long tunnel ferroviaire d’Allemagne ; long de 4.2 km, il raccourcissait le trajet de plus de 22 km. Le premier pont sur la Moselle, construit en 1926, permit à la commune d’intégrer les deux villages de pêcheurs de la rive droite et de s’étendre.

 

 

 

Un petit parcours pédestre permit de mieux contempler le patrimoine historique de la ville à travers quelques constructions emblématiques : deux portes médiévales sur les 13 d’origine (Enderttor avec son auberge, Balduin Tor), la place du marché avec ses magnifiques maisons à colombage et son hôtel de ville baroque (1739), la plus ancienne auberge de la ville (zum Stüffje) ainsi que la (seule ?) maison épargnée par l’incendie de 1689. Nous vîmes également une très belle maison vigneronne de 1704, témoin de l’opulence de certains citadins à cette époque. Le circuit se termina sur le bord de la Moselle, resté longtemps à l’état naturel (on se déplaçait surtout par bateau). De nos jours et depuis plus d’un siècle, le tourisme marque fortement le paysage avec une succession impressionnante de restaurants et de tavernes « à bière et à vin » (il y en avait au XIXe siècle autant qu’à Breslau, pourtant peuplé de 90 000 hab. !). Témoin des temps anciens où il fallait payer des droits d’entrée pour les marchandises, l’ancien bureau de douane devenu, au fil des transformations, un hôtel-restaurant dont la façade rappelle bien des constructions hollandaises. 

En parcourant les rues étroites de cette petite ville de 6100 hab., nous fûmes surpris par l’affluence qui y régnait. Le tourisme et la vigne sont vraiment les éléments moteurs de l’économie locale. 

 

Gérard Colotte