Deux Lorraines dans le royaume de France, de la mort de Stanislas à la Révolution française
Gérard MICHAUX
À la mort de Stanislas (1766), Lorrains ducaux et Barrois deviennent officiellement ce qu’ils étaient déjà politiquement depuis une trentaine d’années, les sujets du roi de France. Ainsi jusqu’à la Révolution, sommes-nous en présence dans le royaume de France de deux Lorraines, l’évêchoise et l’ancienne ducale, placées l’une et l’autre sous l’autorité d’un intendant.
Après le rapide démembrement par Louis XV de l’héritage de Stanislas, les rivalités entre les deux entités apparaissent très vite dans tous les domaines, souvent au bénéfice de Nancy et au détriment de Metz. Néanmoins les deux Lorraines présentent points communs et ressemblances : fragilités rurales, réformes physiocratiques, développement industriel, fermentation des idées. Sans jamais exclure la compétition entre elles ni renoncer à affirmer chacune son identité propre.
Agrégé d’histoire, maître de conférences honoraire de l’Université de Lorraine, Gérard Michaux a enseigné de 1974 à 2012 l’histoire moderne et l’histoire régionale à l’Université Paul Verlaine-Metz, dont il a également été vice-président de 2000 à 2012. Il a consacré l’essentiel de ses travaux de recherche à l’histoire religieuse de l’époque moderne et à l’histoire de la Lorraine de la Réforme aux Lumières. Il a plus particulièrement étudié les ordres monastiques (congrégation bénédictine de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe), les rapports du clergé régulier aux Lumières françaises et germaniques, les échanges culturels entre l’espace lorrain et l’Europe moderne, le mouvement des idées en Lorraine au siècle des Lumières.
Très engagé dans le milieu associatif culturel messin (Société d’Histoire et d’Archéologie de la Lorraine, Comité d’Historicité européen de la Lorraine, Société des Amis des Arts et du Musée de La Cour d’Or), Gérard Michaux a présidé l’Académie Nationale de Metz de 1995 à 1998.
Outre de nombreux articles, il a contribué à de multiples ouvrages collectifs, notamment à l’Histoire de Metz (Toulouse, Privat, 1986), au Dictionnaire du Grand siècle (Paris, Fayard, 1990), aux Sources d’Histoire de la France moderne (Paris, Larousse, 1994) et au Dictionnaire de l’Ancien Régime (Paris, P.U.F., 1996). En 2010, il a publié 40 ans Université Paul Verlaine Metz (Metz, Serpenoise) et en 2013, le Centre hospitalier régional Metz-Thionville, héritier d’une tradition hospitalière millénaire (Metz, Serpenoise). Il a assuré la direction scientifique de l’ouvrage collectif La Grâce d’une cathédrale. Metz (Strasbourg, La Nuée Bleue).
La restauration de la cathédrale de Metz par Paul Tornow, 1874-1906. Chroniques d’un chantier impérial en Moselle annexée
Rafael-Florian HELFENSTEIN
À l’image de la Moselle, la cathédrale Saint-Étienne de Metz cristallise une histoire mouvementée. Construite sur près de trois siècles, elle subit d’importantes modifications au milieu du XVIIIe siècle : son environnement d’origine disparaît au profit d’un aménagement urbain parfaitement ordonné et dessiné par Jacques-François Blondel. Le XIXe siècle marque tout aussi profondément l’édifice : les Français déposent progressivement les ajouts classiques et isolent le monument de son contexte urbain. En 1871, la cathédrale intègre le nouvel Empire allemand. Elle connaît alors une profonde restructuration rendue possible par des moyens financiers hors norme et des ambitions politiques nouvelles portées par Guillaume II.
Nommé Dombaumeister en 1874, l’architecte prussien Paul Tornow établit rapidement un grand projet pour Metz. En trente-deux années, il restaure la quasi-totalité de la cathédrale et dirige trois grandes séries de travaux qui modifient en profondeur l’édifice : reconstruction de la toiture, restauration du portail de la Vierge et création du portail principal. En dépit de ses longues années au service du monument, l’architecte ne verra pas aboutir ses projets de flèches sur la tour du Chapitre et à la croisée du transept, correspondant à une vision idéalisée de la cathédrale médiévale.
Rafael-Florian HELFENSTEIN est architecte du patrimoine depuis 2017. Il a travaillé avec Richard Duplat, architecte en chef des monuments historiques (ACMH), pendant 8 ans. Il a mené pour lui des chantiers dans l’Est de la France, notamment dans le Haut-Rhin (Koïfhus de Colmar, fortifications de Neuf-Brisach, collégiale de Thann) et en Haute-Saône (chapelle de Ronchamp du Corbusier). Depuis octobre 2024, il intègre l’équipe de Maël de Quelen, également ACMH et en charge notamment des résidences présidentielles.
Depuis décembre 2023, il est docteur en histoire de l’architecture et a rédigé une thèse sur la restauration de la cathédrale de Metz (le titre est identique à celui de la présentation), à Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction de Philippe Plagnieux.
La Faïencerie de Sarreguemines, 217 ans d'aventure industrielle
Stéphanie KORN
La Faïencerie a vu le jour à l’aube de la Révolution française. À travers l’Histoire, ses dirigeants ont contribué au développement de la Ville de Sarreguemines, en participant à la vie politique et en ayant un impact sur le paysage urbain. Les productions, riches et variées, sont connues en France et à l’étranger et entretiennent, encore aujourd’hui et ce malgré sa fermeture en 2007, la renommée de la ville.
Après une année d’étude en histoire de l’art et archéologie à l’Université de Franche-Comté de Besançon, titulaire Bachelor en conservation préventive spécialité objets ethnologiques et objets scientifiques, techniques et horlogers de la Haute École Spécialisée de Suisso Occidentale de Chaux-de-Fonds. Durant ses années d’études, elle a pu réaliser différents travaux pour des institutions muséales suisses et françaises avant d’intégrer, en 2013, l’équipe
des Musées de Sarreguemines.
L’aspect social dans les mines de fer de Lorraine (1945-1997)
Edouard KOKOSZKA
Ancien apprenti de l’Ecole Technique des Mines de Fer du Bassin de Landres-Amermont à Bouligny (55), ancien mineur de fer de la Mine de Murville à Mont-Bonvillers (54) et officier supérieur d’Artillerie à la retraite.
Elle aura pour thème l’aspect social dans les cités des mines de fer en Lorraine pendant la période de 1945 jusqu’à 1997, date de la fermeture de la dernière mine de fer du « pays haut lorrain ».
Elle portera sur la vie dans les cités des mines de fer du Pays-Haut, afin de nous rappeler ou nous faire découvrir qui étaient les mineurs de fer, leurs origines, comment ils vivaient dans les logements qui leur étaient attribués au sein d’un système social organisé par la mine. En parcourant cette organisation qui englobait les commerces, les écoles, les établissements médicaux, les cultes, le sport, les associations, les loisirs, nous entrerons dans le quotidien des mineurs et de leurs familles, en dehors du travail au fond de la mine. Même la cuisine traditionnelle italienne et polonaise y seront abordées.
Travailler, vivre, penser Bata
Alain GATTI
L’entreprise Bata, implantée en Lorraine, depuis 1932, avait mis en place une organisation du travail novatrice reposant sur la rationalisation, l’autonomie des ateliers et une forme de répartition capital-travail, système qui a assuré des hauts revenus aux salariés, au prix de conditions de travail difficiles.
Mais Bata n’a pas fait que produire des chaussures. Elle a profondément marqué un territoire et surtout façonné des générations de femmes et d’hommes. L’entreprise ambitionnait ni plus ni moins que de créer « un homme nouveau » et a construit sa propre idéologie, le « bataïsme », une véritable religion du travail, développant une forme de paternalisme très particulier.
Des Pouilles à la Lorraine : un parcours exceptionnel dans cette première moitié du XXe siècle.
Antoine CAPUTO
A. Caputo évoquera les périples et l’existence d’une famille d’immigrés italiens, tourmentée par la confrontation quotidienne à la misère et aux évènements qui ont émaillé la première moitié du XX° siècle. Les évènements se déroulent de 1916 à 1946, ¸dans le sud de l’Italie, et le dénouement se situe en Lorraine. La conférence fera référence au passé mais en même temps. L'auteur abordera des thématiques très actuelles : la montée des nationalismes, la guerre, les pandémies, la fracture sociale, l’immigration. En outre, il mettra en lumière l’intimité des gens du peuple et des familles aristocratiques pour témoigner de la forte disparité qui régnait à l’époque dans ce pays et qui a motivé nombre d’immigrations.