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Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
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Renaissance du Vieux Metz et des Pays Lorrains
Renaissance du Vieux Metz et desPays Lorrains

Dimanche 6 novembre 2022

Visite de l'exposition « Chute de l’Empire Romain » à Trèves

 

Le choix avait été fait initialement de ne faire la visite que de deux des trois musées impliqués dans ce projet d’exposition (on ne visita pas le musée de la cathédrale où l’exposition est centrée sur la pénétration du Christianisme sur les berges de la Moselle du IVe au VIIe s.).

Le matin, nous nous rendîmes au Rheinisches Landesmuseum où notre guide, Mme Heidi, s’affranchissant de la traditionnelle présentation préliminaire de la période concernée par l’exposition, entra rapidement dans le vif du sujet : il lui était impossible de passer en revue les 700 pièces de collection prêtées par 20 pays ; elle s’appuya sur des œuvres majeures pour nous décliner la fin de l’Empire romain en quatre facteurs explicatifs.

  • Le rôle de l’inflation qui rendit de plus en plus difficile la vie quotidienne et amena l’empereur Dioclétien (début IVe s.) à imposer la loi du (prix) Maximum sur bon nombre de denrées et objets, hormis les biens fonciers !

  • Les conflits entre empereurs (complots avec nombreux assassinats à la clé) qui affaiblissaient le pouvoir impérial, et rajeunissaient de plus en plus les nouveaux titulaires, pas forcément en phase avec leur nouvelle fonction, en dépit de périodes de reprise en main par de fortes personnalités (Dioclétien, initiateur de la Tétrarchie, Constantin Ier, Théodose)

  • La trop grande étendue territoriale de l’Empire, de plus en plus difficile à défendre, surtout qu’à partir de 375 (arrivée des Huns dans l’est de l’Europe, sans doute chassés d’Asie centrale à la suite d’un réchauffement climatique) et après la défaite romaine d’Andrinople en 379 (accompagnée de la mort de l’empereur Valens), les peuples germaniques commencent à s’installer en masse à l’intérieur de l’Empire (que les Allemands appellent les grandes migrations). Un temps fort entoura le sac de Rome par Alaric en 410. En même temps, notre guide insista sur la proximité des peuples germaniques avec l’Empire, notamment par le biais de l’intégration de Germains dans les institutions politiques et militaires de l’Empire (la plupart des généraux commandant l’armée romaine était des Goths).

  • Le rôle du christianisme dans ce long processus (édit de Milan, édit de Thessalonique faisant du christianisme la seule religion d’Etat) qui en vient à jouer le rôle de l’Etat au fur et à mesure que les institutions politiques s’affaiblissaient.

 

L’éclairage, de plus en plus sombre au fur et à mesure que nous passions d’une salle à l’autre, servit à dessein l’exposition, pour mettre le visiteur dans l’ambiance et l’amener à la chute finale de l’Empire, à la fameuse année 476, qui vit la déposition du dernier empereur, un adolescent de15 ans, Romulus Augustule, par le Goth Odoacre. Mais il nous fut bien démontré que cette date n’est que théorique et, en fait, il s’agit plutôt d’une période de transition vers une autre organisation de l’espace de l’empire romain d’occident liée aux invasions.

 

 

Sur le trajet nous conduisant vers le restaurant, place du marché (Hauptmarkt), nous pûmes revisiter une partie de l’histoire de Trèves avec le palais archiépiscopal, transformé par l’archevêque Ph. von Walderdorf au XVIIIe s., la basilique constantinienne (extérieur car fermée) transformée en église protestante depuis le XIXe s., le palais von Kesselstatt (XVIIIe s.), et juste avant d’arriver à notre table de déjeuner, la plus ancienne maison à colombage datant de 1475 (bien restaurée cependant dans les années1970).

 

Après le déjeuner, et en attendant la visite du musée municipal, nous revisitâmes l’histoire de la cathédrale St-Pierre de l’extérieur – depuis son origine au IVe s., puis, nous vîmes quelques petits « joyaux » intérieurs (maîtres autels, chapelle de la Sainte Tunique). Sur le chemin de la Porta Nigra, quelques petits rappels sur les contentieux entre bourgeois et archevêques qui ont émaillé l’histoire médiévale de la cité (Steippe, église ST Gongolf, Maison Rouge), puis quelques demeures remarquables (maisons à colombage en style franc germanique, Maison des Rois Mages, ancien quartier juif), sans oublier la Porta Nigra.

L’après-midi se termina par une longue visite du musée municipal dont le nom rappelle, qu’au XIe s., l ’ermite Simeon vécut dans la Porta Nigra et contribua, sans le savoir, à sauvegarder l’édifice d’un démantèlement certain ; Mme Heidi resta aux commandes. Le thème abordé dans ce volet d’exposition était l’héritage de l’Empire Romain, en d’autres termes, les interprétations que les hommes ont pu faire de l’Empire et de sa chute, depuis l’époque Moderne ; citons quelques exemples : le regain d’intérêt porté par les Hongrois sur la figure d’Attila, devenu au XIXe s., héros national, l’ancêtre du peuple magyar ! La figure du Chérusque Arminius qui fait massacrer par ses troupes les trois légions du général Romain Varus, en 9 ap. J.-C. fut abondamment mis en avant depuis le XVIe s.; il devint lui aussi héros national pour les Allemands, changeant même de nom (Hermann) et chantre de son combat victorieux contre Rome (mais laquelle ? la Rome impériale ou la Rome des papes ?). Peintures, sculptures, pièces de monnaie, coffret, etc., autant d’œuvres pour nous faire comprendre comment on pouvait à dessein instrumentaliser l’histoire. La visite dura plus d’une heure et quart. C’est avec des jambes bien lourdes pour certains que nous regagnâmes notre bus, stationné à proximité du musée ! Le retour marqua aussi la fin de la saison de sorties de RVM en attendant l’année prochaine.

 

Gérard Colotte